Deprecated: Assigning the return value of new by reference is deprecated in /htdocs/public/www/ecrire/tools/xemb/XEmb_Cache.class.php on line 124 Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /htdocs/public/www/ecrire/tools/xemb/XEmb_Cache.class.php:124) in /htdocs/public/www/index.php on line 49 Mes billets ici - avril 2007 - Ouinon.net

Des affiches utiles pour les candidats ou pour les électeurs ?



Ça y est, c’est la dernière ligne droite. Le matériel électoral est imprimé et va être progressivement diffusé à raison d’1 million d’euros par candidat (dont 1/3 rien que pour les affiches), soit 12 millions d’euros d’encre, de colle, de papier, d'essence et de mains d’œuvre au total. Parmi les différents supports de propagande (c’est le terme officiel utilisé dans les textes légaux) des candidats, plus d’un million d’affiches seront placardées aux alentours des quelques 85 000 bureaux de vote du territoire français.

Ce billet fait suite à celui-ci que je trouvais un peu léger, et à celui-là, plus technique, à propos de la carte d’électeur.
Je suis parti du constat que la plupart des affiches de cette campagne, telles qu’elles sont faites, sont inutiles. Dans une certaine mesure, en complément de la télévision, de la radio, de l'internet, des tracts et des brochures, elles pourraient pourtant jouer un rôle dans la chaîne de l'information. Des affiches qui donnent envie d’être lues (et pas seulement vues) dans la rue, en fumant une clope, en attendant un bus, en passant ; des affiches qui puissent servir de support de discussion, de mémo pour les derniers indécis juste avant de rentrer dans l’isoloir. Des affiches qui puissent participer à la solennité, à la promotion de l'évènement électoral, tout en apportant au moins autant d’info que de marketing.
Bref, elles pourraient être aussi utiles aux électeurs alors qu'aujourd'hui, le plupart semblent surtout utiles aux candidats. Je vous propose d’en discuter.

J’ai construit ce billet en 3 parties :
– du cas par cas où je passe rapidement, en m’amusant si possible, sur chaque affiche – l’idée est de rester ludique dans l'approche, je n'ai pas fait d'analyse en détail comme j’avais pu le faire pour la carte d'électeur ;
– quelques références aux textes légaux pour démontrer que le problème vient tout autant d’une réglementation inadaptée que d’une volonté des communicants à vouloir rassembler (quitte à les tromper ?) un maximum d’électeurs en leur faveur ;
– une petite conclusion/synthèse, accompagnée de quelques liens pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet sur le web.



PEU D'AFFICHES DE QUALITÉ

Souvent plus proches d’affiches publicitaires pour des produits institutionnels que d’affiches pédagogiques destinées à aider les électeurs dans leur choix, aucun parti n’a été capable de concevoir une affiche qui serve à la fois l’image de son candidat, tout en apportant de l’information sur son programme. Les communiquants qui se sont attelés à la campagne 2007 ont fait soit l’un, soit l’autre. Dans le lot, je pense même qu'il y a des affiches qui désservent à la fois les électeurs et les candidats.



L’image : Sincérité, simplicité, une alliance, un bout de campagne en arrière plan, un costard.
Les bourdes graphiques : « Ma France de toutes nos forces » n’est pas aligné en hauteur dans son cadre orange.
Analyse rapide : L’ensemble dégage un certain modernisme et une sobriété bienvenue. Dommage que le peu d’éléments graphiques utilisés soit si mal calé.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sincérité, simplicité, un peu de gel dans les cheveux (tiens !?), une veste en jean délavée, un logo qui se positionne à la manière d’un badge militant, un fond traité en jaune monochrome représentant la foule (difficilement perceptible), le petit effet ombré qui tue pour démarquer le candidat du fond.
Les bourdes graphiques : Utilisation de Guillemets anglais “”. Si encore Besancenot était pro-européen, je comprendrais… mais là, c’est véritablement scandaleux ;-)
Analyse rapide : Au moins 4 fontes différentes utilisées, des effets criards à souhaits : pas de doute, c'est bien une affiche d'extrême gauche ! On notera toutefois une certaine rigueur par rapport aux documents habituels de la LCR. Aussi un esprit « une de magazine » dont je n'ai pas bien compris le sens mais bon, on est plus à ça près.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sincérité, simplicité, Bové dans la foule, ne sachant pas quoi faire de ses mains caleuses, en chemise dans une lumière froide. Mon dieu mais que vois-je ?! Ce sont bien les murs d'un immeuble de cité que je vois en fond ?
Les bourdes graphiques : Aucune.
Analyse rapide : Un candidat au milieu des gens. Dans les diverses affiches brouillons ayant ciruclé sur le net jusqu'à présent, quelques candidats ont survolé ce thème, préférant finalement revenir à des choses encore plus bateau. À noter que ces tentatives sont probablement en rapport avec une affiche créée pour Helmut Kohl au début des années 90. Sur cette affiche, le brave Helmut ressortait au beau milieu d’une bonne cinquantaine de personne uniquement par sa présence physique, sans aucun artifice de prise de vue ou de montage. D’après mes souvenirs, c'était une affiche intelligente, très percutante, en tous cas, je m’en souviens encore. Il me semble même que cette affiche ne comportait pas de texte, la photo se suffisant à elle même. Malheureusement, je n’ai pas trouvé de copie sur le net (si quelqu’un à un petit lien, je publierai).
[ÉDIT 20 avril : voici l'affiche avec Helmut Kohl. Merci Camille pour le lien ! :-) Bon, ma mémoire m'avait un peu trahie puisque le plan est tout de même assez serré, donc moins spectaculaire, moins réussit que ce que dans mes souvenirs. FIN ÉDIT]
Dans cette affiche, Bové est cadré plein pot, et les personnages en arrière plan sont flous, l’effet est donc plus facile, sans charme. Ça nous dit juste que Bové est un gars du peuple et qu'il veut changer le monde, ok, merci pour l’info. Fallait-il dépenser 300 000 € pour nous le dire ? Pas sûr.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sincérité, simplicité, sympatie, bustier noir, yeux soulignés de noir. Un petit air de Tony Curtis sur cette photo. Fond déserpérément rouge…
Les bourdes graphiques : Dans la bande de couleur du logo, la logique de l'arc en ciel n’est qu’à moitié respectée : après le vert, il aurait fallu enchainer sur le jaune, puis le orange, puis le rouge [désolé pour la qualité de l’image, je n’ai pas trouvé mieux pour le moment].
Analyse rapide : C’est dommage car on sent que l’identité visuelle créée a un certain potentiel graphique mais elle semble mal appliquée sur les déclinaisons de documents, notamment sur cette affiche ou la typo est placée un peu n’importe comment.
À propos du rouge, je ne comprends pas l’attachement borné du PC français à cette couleur ? On dirait qu’il n’y a jamais rien à dire d’autre que ce rouge. Au même titre que la marteau et la faucille, je pense que le rouge rappelle à beaucoup de gens des heures pas forcément glorieuses du communisme, que même les Russes souhaitent oublier. Bien sûr, dans l'esprit de tous, en France, rouge = PC… et alors ? Combien de voix ce rouge va-t-il rapporter au PC ? Combien sa connotation rétrograde lui en fait-elle perdre auprès des jeunes ? La question est sûrement à méditer.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sympathie, simplicité, un costard, un fond bleu léger, une faible profondeur de champs (seul le visage est net).
Les bourdes graphiques : Comme pour Bayrou, le slogan est mal calé dans son cadre orange. Je ne sais pas qui a copié sur l’autre mais il aurait au moins pu procéder de manière plus intelligente ;-)
Analyse rapide : Photo superbe mais typo mal choisie, mal maîtrisée.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sympathie, ouverture, opérette, cravate bleu et rouge sur chemise blanche, la foule (le peuple ?) en arrière plan… derrière le guide.
Les bourdes graphiques : Interlettrage de la typo mal réglé (les réglages d’approches sont restés d’origine alors qu’à cette taille, il aurait fallut les ajuster).
Analyse rapide : Ce qu’il y a de bien, c’est qu’on peut voir plein de choses dans cette affiche. Darth Vador : « pshhhht… Donne moi la main Luc, rejoins le côté obscure de la force… pshhhht » ; ou une image rappelant la tribune Boulogne du Parc Des Princes en fond ; ou un chanteur d'opérette qui vient de pousser un mi bémol.
Il paraît que c‘est Marine qui gère la com du FN, je pense plutôt que la personne qui s’en est chargé a tout fait pour que Le Pen ne soit pas élu ;-)
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Oups, pardon, désolé.
Les bourdes graphiques : Hiérarchie de l’info peu travaillée (texte envoyé « au kilomètre ») ; césures sémantiques non réglées (des « et », « dans », « en », et des « de » qui traînent en bout de ligne) ; les « blancs » sont mal gérés (le texte prend toute la place, en un seul bloc, pas engageant à lire). Et puis allez hop, je te met une photo au pif, rien n'a fout’
Analyse rapide : Très mal foutue en terme de design, elle est pourtant à mes yeux une des 2 affiches utiles aux électeurs dans cette campagne parce qu’elle ne focalise pas sur un portrait ou un slogan pipeauté mais sur les idées du parti. Dommage qu’elle soit si mal conçue graphiquement… grrr. À noter que Lutte ouvrière a conservé la même mise en page qu’en 2002, c’est assez rare pour être signalé.
Affiche potentiellement utile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sympathie, crispé, bouc, calvitie, regard bovin, forêt en arrière plan, icône gay (que faisais-tu dans cette forêt coquin ?), hiver, costard, chemise déboutonnée.
Les bourdes graphiques : Le stagiaire a un peu trop forcé sur la déformation horizontale du texte « Élection présidentielle » ; le sigle CNPT ne signifie rien, il aurait été plus simple et plus fonctionnel d'écrire en toute lettre « Chasse, nature, pêche et tradition » plutôt que de mettre le logo plein pot (cela est valable pour n'importe quelle affiche d'ailleurs : dans 95 % des cas, les textes sont plus lisibles et plus évocateurs que les logos – les logos sont rarement efficaces sur des affiches, qu’on se le dise).
Analyse rapide : Quelques poils blanc sur le bouc.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Ado rêveuse. Un mix entre une pochette de 45 tours des années 80 et un timbre poste Marianne des années 90. Problème : on est en 2007.
Les bourdes graphiques : Aucune raison de mettre une majuscule à « présidente ».
Analayse rapide : Une des rares candidats qui n’a pas joué la carte de la simplicité ou de la sympathie dans sa photo. Les chargés de communication du PS ont préféré privilégier la sérénité et la symbolique, pourquoi pas. Par contre, niveau compo, c'est du grand n’importe quoi : la typo arrive sur le menton de Ségolène, la banderole supérieure lui coupe le front, les textes centrés en pied, ferré à gauche en tête, la typo italique « pour faire dynamique »… c’est de la communication visuelle à papa ça les enfants ! Les gars ont dû dépenser tout leur délai de création sur le slogan et ont torché le graphisme juste avant la réunion de présentation.
ÉDIT 21 avril : dans un commentaire, Benoit V remarque judicieusement que cette affiche semble fortement influencée par le ressemble beaucoup au travail de l’artiste Barbara Kruger [ÉDIT 3 mai : rature précédente liée à une erreur de formulation de ma part, soulignée par Alain Korkos dans sa Boîte à images]. En effet, c’est assez flagrant sur ces images. Amusant lorsqu’on sait que Kruger utilisait ce style au 2e degré, pour critiquer la société en ajoutant des slogans virulants à des mages de magazine ! Cf. son article sur Wikipédia.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Simplicité, (pour la sincérité, on repassera), costard-cravate, herbe très verte en fond et ciel sans nuage.
Les bourdes graphiques : Nom forcé sur la largeur avec interlettrage trop important par rapport aux autres éléments texte.
Analyse rapide : Une magnifique impression de manque de naturel. Que ce soit dans l’expression du candidat ou les reflets de lumière de son front, trahissant un éclairage studio. La verdure qui est en arrière plan ressemble à de l’image de synthèse tant ses couleurs tranchent avec le ciel. Moderne, sobre, mais truqué. Cette affiche me fait penser à l’univers des Teletubbies. Et que dire du slogan « Ensemble tout devient possible » qui peut être interprété en bien ou en mal, et qui du coup, ne signifie rien, si ce n’est l'évidence. On pourrait sans problème le coller à n’importe quel candidat.
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sincérité, simplicité, costard, effet de vignettage dans les coins pour fermer l’image, à la Harcourt.
Les bourdes graphiques : Comme pour Laguiller, la hiérarchie de l'info est mal conçue, trop de blocs texte (un titre, un chapeau et un texte en 2 cols auraient probablement suffit), l’œil ne sait pas où aller, il n’est pas attiré vers la lecture.
Analyse rapide : Avec celle le Laguiller, à mes yeux, c’est la 2e affiche utile de cette campagne. Malheureusement, elle est tout aussi mal fichue… Comme s’il fallait choisir entre slogan-only et bordel textuel. Il est possible de faire des affiches à fort contenu texte qui soient agréables à lire… La preuve dans l’exemple de ces affiches pédagogiques éditées par l’ADPF depuis des années.
À noter que l’affiche originelle de Schivardi a dû être réimprimée à cause de la mention « candidat des maires » qu’il a fallu modifier en « candidat de maires ». Le s en mois précisant que tous les maires n’ont pas cautionné cette candidature.
Affiche potentiellement utile pour les électeurs.

Pour rire :




L’image : Sympathie, sincérité, planète, vert, pull en laine violet, logos.
Les bourdes graphiques : Aucune.
Analayse rapide : Comme pour Sarkozy, nous avons une image exagérément artificielle (volontaire cette fois-ci mais tout aussi mal fait). Éclairage du visage incohérent avec les autres éléments, la planète flotte sur un fond vert peu engageant, la typo du nom est connotée futuriste, ce qui, avec l’image de la planète induit plus volontier une ambiance « 2001, odyssée de l’espace » qu’une notion d’avenir. Sur le thème de l’environnement, il y a pourtant de quoi faire en terme d’iconographie…
Affiche inutile pour les électeurs.

Pour rire :




RÉGLEMENTATION DÉSUETTE OU DÉTOURNÉE ?

Tout d’abord, voici 3 liens vers des textes de règlementation officielle : le site du ministère de l’Intérieur, le site du Conseil constitutionnel et le site du CNCCEP. Sur ces textes officiels, parmi quelques normes de fabrication, de diffusion et de contenu énumérées, deux points me semblent gentillement détournés par la plupart des candidats, au nez et à la barbe de tous :

Chaque candidat a droit, pour chaque tour de scrutin, et par emplacement d’affichage, à deux affiches :
– une affiche énonçant les déclarations du candidat : d’un format maximum de 594x841 mm, cette affiche permet aux candidats d’exposer leur programme ;
– une affiche pour annoncer les réunions électorales : cette affiche est plus petite (297x420 mm) et ne doit contenir que la date et le lieu de la réunion, le nom des orateurs inscrits pour y prendre la parole et le nom du candidat.


Bien entendu, nous parlons dans ce billet des « grandes » affiches, c’est-à-dire celles où les candidats sont sensés « exposer leur programme ». Comme nous l’avons vu, dans les faits, seuls 2 candidats utilisent ces affiches pour effectivement présenter un résumé de leur programme : Arlette Laguiller et Gérard Schivardi. Certes, la mauvaise qualité formelle de leurs affiches les dessert mais au moins celles-ci apportent un minimum d’information sur les intentions (réelles) de ces candidats.
Les autres affiches sont prétexte à diffuser une photo flatteuse, mise en scène et un slogan créé de toute pièce par des publicitaires. Parce qu’évidemment, et c’est bien là le problème, tout est monté, truqué, retouché, calculé et les candidats eux-même n’ont pour la plupart même pas donné leur avis sur ces affiches. Il y a peu de créations sur-mesure et à quelques détails près, on pourrait sans problème échanger un candidat et/ou un slogan d’une affiche à l’autre. Sur les photos utilisées, seuls les habits, le fond et le slogan changent. Voici ce que les communiquants qui ont conçu ces affiches accordent aux électeurs pour « exposer leur programme » : des fringues, un fond et un slogan. Bon, c’est mieux qu’une femme, une pipe, un pull vous me direz mais bon, quand même…

Et parlons-en des slogans de campagne : « Ensemble, tout devient possible », « La France présidente », « La France de toutes nos forces », « Un autre monde est en marche » etc. Pour qui nous prend-on ? La diffusion de ces messages vaut-elle les millions d’euros financés par le contribuable ? « La farce tranquille », ça c'était du slogan ! ;-)

Après, on peut se demander ce que signifie exactement la formule « exposer leur programme » ? Un slogan suffit-il ou non à exposer un programme ? D’un point de vue pratique, il me semble que non mais apparemment, ça fait longtemps que la question ne se pose plus si l’on en croit cette exposition consacrée aux affiches électorales anciennes qui a lieu Passage du Retz. Une ambigüité dans les termes qui semble donc pleinement assumée par l’État qui a visiblement toujours permis cette forme de communication purement publicitaire autour des candidats, sans trop se soucier de leur relation réelle avec le programme des intéressés.

ÉDIT 12 avril :
Le texte réglementaire figurant sur le site du Conseil constitutionnel diffère « légèrement » du texte figurant sur le site dun ministère de l’Intérieur :
Ministère de l’Intérieur : « une affiche énonçant les déclarations du candidat : d'un format maximum de 594x841 mm, cette affiche permet aux candidats d'exposer leur programme ; »
Conseil constitutionnel : « à une unique affiche dont les dimensions ne peuvent dépasser 594 x 841mm pour énoncer ses déclarations (avec une tolérance de quelques millimètres); »
Sur le site du Conseil constitutionnel, n’est évoqué que le fait « d’énoncer les déclarations des candidats », sans plus de précision. Tandis que sur le site du ministère de l’Intérieur, on précise que cela « permet d’exposer leur programme ». Au niveau du sens, on notera que le terme « énoncer ses déclarations » ne signifie strictement rien (avant cet édit, je n’y avait d’ailleurs même pas prêté intention). En d’autres termes, si l’on se fie à la version du Conseil constitutionnel, l’État semble laisser carte blanche aux candidats au sujet de la teneur hautement marketing, publicitaire de ces affiches, sans trop se soucier de leur utilité publique. Par contre, attention à ne pas dépasser le format, ça c’est important. Regrettable…
Bien entendu, cette précision ne change rien à mon billet, à la médiocrité visuelle de ces affiches et à l'inutilité de la plupart d’entre elles vis-à-vis des électeurs ; mais cela souligne grandement le fait que la réglementation concernant l’affichage électoral est plus que discutable.



D’autre part, dans le chapitre « Moyens de propagande interdits », figure la mention :

La diffusion d’un numéro d'appel téléphonique ou télématique gratuit par un candidat ou à son profit.

D’accord. Pas de 08 09 10 11 12 et pas de 3615 code Nihous mais alors pourquoi une partie des candidats incluent-ils dans ces affiches leur adresse internet ?
En ce qui me concerne, la présence de ces adresses sonne comme un aveu de la part des candidats : « désolé, ce ne sont que des affiches de pub ; pour avoir de l'info sur notre programme, rendez-vous sur notre site ». Et côté Institution, elle marque un certain décalage avec l'évolution des médias, notamment sur le web. En tous cas, c’est incohérent.


Enfin, il est mentionné que les candidats n’ont droit qu’à deux affiches par panneau et non 3 comme c’est souvent le cas (2 affiches de com mises côte à côte + 1 affiche pour annoncer les réunions). Ce « détail » augmente tout de même d'un tiers les frais d'impression et de diffusion. Encore une fois, cela n’a pas l’air de déranger le CNCCEP. Ni Dominique Voynet qui prône pourtant, et à juste titre, l'économie du papier.


CONCLUSION

Je pense que ces affiches électorales pourraient être utiles aux français mais dans l’état actuel des choses, elles le sont peu. Pire, la plupart tire probablement plus du côté de la publicité mensongère que de l’image de marque crédible.
Seuls Laguiller et Schivardi ont conçu des affiches pour rappeler leur programme, et encore, celle de Laguiller contient une adresse net, ce qui devrait normalement être proscrit si l’on en croit les textes. Au final, avec un peu d'ironie, je constate que l’affiche la plus correcte de cette campagne vis-à-vis des électeurs est précisément celle dont le CNCCEP a demandé le retirage : celle de Schivardi. Arf…

Pour l’avenir, je vois 2 alternatives envisageables, pour éviter de gaspiller l’argent public et/ou pour ne plus tromper les gens avec ce genre d'affiches :
– soit les candidats conçoivent des affiches qui présentent réellement leurs programmes ;
– soit on remplace toutes ces affiches par une seule officielle (histoire de garder la solennité de l’affichage qui contribue à promouvoir la période électorale), conçue par les services de l’État, dans laquelle chaque candidat aurait un espace pour y mettre un texte et une image le représentant.

Ou alors il faut inventer le quart d'affiche :
;-)


À LIRE AUSSI [liste d'adresses mise à jour au fil des publications]

Où sont donc passées les grandes affiches politiques ? sur le blog de Thierry Vedel.
Osez changer fort, et tout devient possible ! chez Ulfablabla.
Les candidats se cherchent en haut de l'affiche sur le Figaro.fr.
Mon cousin, powerpoint et les affiches... de David Abiker sur Big Bang Blog (PDF à télécharger avec mini-analyse des affiches).
Affichage sauvage et respect de l’environnement sur The Green Post Box.
Les candidats à la Présidentielle 2007 sur Planète orange, dans un registre autrement plus touchant.
Les affiches politiques du collectif Grapus sur le site de la ville d’Aubervilliers.
Une autre analyse rapide des affiches par le directeur de l’agence Carré noir, sur le site du Monde.
Un diaporama publié par le Figaro, sur l’action d’une bande de joyeux drilles qui se sont amusés à coller de vieilles affiches électorales. Bien joué !
Ce que nous disent les affiches par André Gunthert sur le blog de l’actualités de la recherche en histoire visuelle. L’auteur y rassemble une collection de graphiti sur les affiches de campagne (analyse à venir).
Deux billets d'Alain Korkos sur sa Boiboîte : L'urne et l'autre (référence à ce billet) & Ça sent si bon la France.
Une autre analyse de ces affiches par Étienne Mineur, sur Fluctuat (Étienne cite ce billet, c'est la classe ;-)

Merci à Ben pour la suggestion ;-)