Ouinon.net
http://ouinon.net/index.php
fr2013-02-09T11:23:17+01:00daily12013-02-09T11:23:17+01:00Archéologie domestique
http://ouinon.net/index.php?2013/02/09/485-archeologie-domestique
2013-02-09T11:23:17+01:00frChristophe D.Mes billets ici« Un moment bref mais curieux est celui qui voit, entre 1840 et 1870, des milliers de tonnes de boues issues du curage des latrines de Paris être répandues sur la banlieue nord afin de former une couche de terre noire collante, pleine de tessons de faïence, de 20 à 30 centimètres...
« Un moment bref mais curieux est celui qui voit, entre 1840 et 1870, des milliers de tonnes de boues issues du curage des latrines de Paris être répandues sur la banlieue nord afin de former une couche de terre noire collante, pleine de tessons de faïence, de 20 à 30 centimètres d'épaisseur, qui va servir à faire pousser les succulents légumes. »
Chroniques balbyniennes, page 28.]]>Idée ? Des stabilisateurs flexibles pour apprendre à faire du vélo
http://ouinon.net/index.php?2012/04/01/482-idee-des-stabilisateurs-flexibles-pour-apprendre-a-faire-du-velo
2012-04-01T21:42:30+02:00frChristophe D.Mes billets iciPour familiariser les jeunes enfants à la pratique du vélo, on utilise généralement une paire de stabilisateurs à roulettes fixée sur la roue arrière. Cependant, lorsque vient l'âge d'apprendre à faire du vélo comme un grand, ces petites roulettes deviennent handicapantes dans le sens...
Pour familiariser les jeunes enfants à la pratique du vélo, on utilise généralement une paire de stabilisateurs à roulettes fixée sur la roue arrière. Cependant, lorsque vient l'âge d'apprendre à faire du vélo comme un grand, ces petites roulettes deviennent handicapantes dans le sens ou elles habituent l'enfant à un certain confort qui ne le pousse plus naturellement à chercher son équilibre. Il existe bien une astuce qui consiste à relever la hauteur des roulettes mais certains enfants sont encore capables de rouler penchés pour profiter jusqu'au bout de leurs précieux 4 points d'appui (exemple vécu cet après midi avec ma filleule Pauline ;-).
Devant ce constat, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant d'utiliser un système de stabilisateurs aux attaches suffisamment flexibles pour ne pas trop porter le vélo lorsque l'enfant roule en équilibre, tout en étant assez rigide pour empêcher (ou ralentir) la chute lorsque le vélo est en déséquilibre. Ainsi, par l'instabilité provoquée par les fixations souples (avec ce type de ressort, par exemple) des roulettes, l'aprenti cycliste serait spontanément amené à chercher son équilibre, sans pour autant risquer la chute.
En attendant, vous aurez toujours la possibilité d'initier votre enfant à cette méthode d'apprentissage.]]>Et meilleurs vœux !
http://ouinon.net/index.php?2012/01/13/479-et-meilleurs-vux
2012-01-13T17:44:28+01:00frChristophe D.Mes billets ici@ Christophe Druaux
Le 13 janvier 2012, la France vient de perdre son fameux « triple A » et il me reste tout juste 17 jours pour vous souhaiter la bonne année.
Une carte de vœux qui n'en est pas vraiment une, conçue comme une photographie prise sur le vif....
@ Christophe Druaux
Le 13 janvier 2012, la France vient de perdre son fameux « triple A » et il me reste tout juste 17 jours pour vous souhaiter la bonne année.
Une carte de vœux qui n'en est pas vraiment une, conçue comme une photographie prise sur le vif.]]>Damart m’a tuer
http://ouinon.net/index.php?2011/01/19/466-damart-m-a-tuer
2011-01-19T11:01:48+01:00frChristophe D.Mes billets iciCeci est un billet sponsorisé.
Je m'occupe quotidiennement du courrier de ma grand-mère qui reçoit au moins une fois par semaine ce que j'appelle un « courrier pour débiles » de la part de plusieurs marques de VPC (dont Damart), chez qui elle a déjà commandé par le passé. Et qui ne...Ceci est un billet sponsorisé.
Je m'occupe quotidiennement du courrier de ma grand-mère qui reçoit au moins une fois par semaine ce que j'appelle un « courrier pour débiles » de la part de plusieurs marques de VPC (dont Damart), chez qui elle a déjà commandé par le passé. Et qui ne la lâchent pas depuis 30 ans, à coup de cafetières en plastique de 20 centimètres de haut en cadeau pour toute commande supérieure à 100 euros ; ou de sets de serviettes de table en polyester gracieusement offerts pour la remercier de sa fidélité. Bref, je suis bien placé pour savoir qu'en passant une commande sur le site Damart.fr, je courrais le risque de me faire spammer pendant les dix prochaines années. Oui mais voilà, non seulement j'avais déjà entendu mon aïeule dire du bien des produits de la marque à l'éclair (qui plus est, une marque principalement tournée vers les seniors) mais en plus, c'est effectivement sur ce site que j'avais réussi à trouver le cadeau de Noël que je voulais lui offrir : un peignoir chaud, de la bonne taille et de la bonne couleur. C'est ainsi que j'ai pris le risque de me jeter dans la gueule du loup.
Je redoutais tellement le spam qu'au moment de passer commande (juste avant de payer 5 € pour frais d'emballage + 3,60 € de frais de port, pour un bête peignoir envoyé dans un sac plastique), j'avais pensé à faire une photo d'écran pour garder la preuve que j'avais bien coché les pastilles censées m'assurer que je ne recevrai pas d'offres commerciales de la part de Damart… par email.
Je reçois le colis, les fêtes passent, je pars en vacances, plus de nouvelles de Damart, tout va bien.
Et vlan ! Hier matin, je reçois une enveloppe grand format d'un centimètre d'épaisseur pour un poids de 440 grammes, signée Damart. Envoyée sous un emballage plastique opaque siglé, de contenance beaucoup plus large que l'enveloppe, comme s'il s'agissait d'un objet reçu en cadeau relatif à ma précédente commande — ce que j'ai d'abord cru avant de l'ouvrir. Dans ce sac, il y a même un (véritable) bordereau de livraison visible depuis l'extérieur. Mais à défaut de cadeau, il ne s'agit que d'un bon gros pack publicitaire « de bienvenue ».
Dans l'enveloppe, la totale : catalogue saisonnier, « dossier de bienvenue remis à : notre nouvelle cliente » et tout un tas d'autres prospectus imitant lamentablement un avis de confidentialité, un bordereau d'expédition, des chèques cadeaux, des lettres annotées… il y a même une imitation de photo Polaroid.
Ça y est, mon nom et mes coordonnées sont entrés dans la base client de Damart, je suis foutu. Ma vie est fichue. Pendant quelques minutes, je pense à mourir.
Ci-dessous, l'enveloppe. [édit] Avec l'adresse wwww.damart.fr, oui, il y a bien 4 W (merci à Babky pour le signalement en commentaire, je n'avais pas fait attention).
Agir, vite. Mon premier réflexe est de téléphoner au service client de Damart pour demander le plus simplement du monde à être sorti de leur fichier. Premier appel vers 13 heures. Je me dis qu'une entreprise à l'image aussi rétrograde ne doit même pas avoir de standardiste disponible à l'heure du déjeuner, mais je tente quand même — ayant d'autres chats à fouetter, j'aimerais boucler cette histoire au plus vite. Le répondeur m'annonce que l'appel me coutera 0,34 centimes par minute après le bip. Mpfff, ça commence bien. Après le bip justement, un autre message m'indique que mon temps d'attente sera de 3 minutes et 38 secondes (environ, je ne m'en souviens plus précisément). Un temps d'attente annoncé à la seconde près, c'est louche… Et effectivement, une fois les 3 minutes et 38 secondes passées, le répondeur m'affirme que tous les opérateurs sont occupés (bon appétit) et que je dois rappeler plus tard. Point. Le répondeur entame une mélodie qui ne me laisse entrevoir aucune autre possibilité que de raccrocher au plus vite mon combiné si je ne veux pas perdre d'avantage que l'euro que Damart vient de me faire dépenser pour cette attente inutile.
Je commence à être agacé.
Une heure et demie plus tard, je décide d'y retourner, au moins pour voir jusqu'à quel point Damart est prêt à me prendre pour un con (je suis d'un naturel curieux).
Le temps de pause déjeuner/arnaque téléphonique est visiblement terminé et cette fois-ci, j'ai très vite accès à une aimable opératrice à qui j'explique ma situation. La dame me répond que pour cesser de recevoir de courrier de la part de Damart, je dois envoyer une demande écrite, par lettre postale. « On ne peut pas valider votre demande par téléphone, c'est impossible Monsieur, l'ordinateur refusera » me dit-elle en substance. Je demande, en essayant de rester sérieux, comment « l'ordinateur » pourrait-il d'avantage accéder à ma demande après l'envoi d'un courrier ? Bug de l'opératrice qui me répète que je dois envoyer un courrier.
Je suppose que Damart est une multinationale à l'organisation complexe. Il doit surement falloir passer par le siège de Damart, situé à San-Fransisco, pour avoir accès au service résiliation — une cellule composée d'une centaine de personnes chargées de s'assurer que chaque suppression de la base client est correctement effectuée.
Je vous jure que j'ai un tas de choses infiniment plus intéressantes à faire que d'envoyer un courrier à chaque marchand qui m'expédierait un pli publicitaire sans mon consentement. Et pourtant, ce matin, je prends quand même le temps de l'écrire, cette demande. Sauf qu'au lieu de l'envoyer à Damart, je la publie sur mon blog.
Ça, c'est pour Damart.
Mais ce qui m'a vraiment décidé à écrire ce billet, outre le fait de connaitre les pratiques publicitaires de ce genre d'oiseau sur le bout des doigts, c'est que je vis déjà une mésaventure comparable, et même encore plus absurde, avec La Redoute. En effet, je ne suis pas client de La Redoute mais je reçois depuis bientôt deux ans les prospectus et catalogues d'une autre personne dont l'adresse a probablement été mal lue. Une certaine Thérèse Larcher, que je ne connais ni d'Éve, ni d'Adam. Dès le début, j'avais contacté La Redoute pour tenter de leur faire économiser des dizaines de kilos de papier et j'avais obtenu la même réponse que chez Damart. Pire encore, l'opératrice roubaisienne m'avait même averti que je ne pourrais probablement pas modifier les données-client d'une autre personne (je ne suis même pas dans leur base). En d'autres termes, je ne pouvais pas empêcher La Redoute de continuer à m'envoyer les courriers de cette désormais célèbre Madame Larcher. Par conséquent, ça fait deux ans que je reçois régulièrement des catalogues d'un millier de pages et autres courriers publicitaires abrutissants qui sont systématiquement jetés à la poubelle sans même être ouverts. C'est comme ça.
Il est donc très probable que pendant des années encore, je vais recevoir une quantité considérable de papier de la part de Damart et de La Redoute, dont je n'ai que faire. Oh bien sûr, sur la forme, ce n'est pas bien grave. Mais sur le fond, c'est totalement absurde. Papier gâché, facteurs inutilement chargés, poubelles inutilement pleines. Peut-être même que cette Madame Larcher, si elle vit toujours, est contrainte d'acheter ses catalogues La Redoute depuis que je les reçois gratuitement pour elle. Entreprises de vente par correspondance d'une autre époque, qui ne survivront pas longtemps à leur clientèle âgée si elles continuent à faire preuve d'autant de bêtise.
---
Mais puisqu'il en est ainsi, je vous propose de nous amuser avec un déballage commenté de cette enveloppe que Damart a tant tenu à m'envoyer.
Ces documents sont tous imprimés en quadrichromie, recto/verso, sur papiers couchés, certains sont composés de plusieurs pages, d'autres sont collés les uns sur les autres à l'aide de points de colle sèche. Assurément, tout cela coûte cher à imprimer, façonner, assembler et envoyer. L'enveloppe comporte également le catalogue printemps-été, qui est conçu de manière plus classique, sans ambiguïté, rien à redire sur ce support. Comme il serait fastidieux de numériser toutes les pages de chaque document, les images présentées ci-dessous ne représentent qu'une partie de l'ensemble du contenu imprimé reçu.
Pour commencer, la couverture du dossier de bienvenue. Comme tous les documents reçus, les textes sont tournés au féminin. Damart s'en fout, les quelques veufs qui commandent chez eux sont vieux et ils ne se plaindront pas. De toute façon, doubler (ou personnaliser à l'impression) tous ces documents au féminin et au masculin couterait beaucoup trop cher. En revanche, Damart a assez d'argent pour offrir une parure éponge huit pièces en cadeau pour ma prochaine commande :
Un faux bordereau d'expédition, avec prédécoupage de chaque côté, un pli sur la longueur et impression intérieure, comme les vrais. Coute une fortune à fabriquer. Dites-vous bien qu'il y a quelque part sur Terre une personne qui a eu l'idée de faire ce faux bordereau d'expédition pour inciter les clients Damart à dépenser leur argent. Cet homme est peut-être votre voisin, il connait peut-être vos enfants.
Comme si elles comprenaient l'écrit aussi mal qu'elles entendent, les gens qui conçoivent ces documents croient qu'il faut répéter 15 fois les choses pour s'adresser aux personnes âgées. Donc oui, pour ceux qui ont mal lu la couverture du dossier de bienvenue, il y a bien une parure éponge huit pièces en cadeau pour la prochaine commande :
Les vrais-fausses mentions supposées avoir été ajoutées au stylo-plume. Un grand classique du genre. Pour tenter de crédibiliser ce charabia, il y a même les signatures de personnes censées être des gros bonnets chez Damart, et notamment celle de « la direction des gros lots ». La direction des gros lots de Damart… tout un programme ! Tu fais quoi comme métier ? Directeur-adjoint des gros lots chez Damart. Ah.
Remarquez les lots barrés « au stylo », qui ne sont pas assez bien pour les nouveaux clients. Ainsi vous savez dès le départ que les anciens clients sont moins gratifiés que les nouveaux. Ces documents sont un bonheur à décrypter !
Attendez, à force d'écrire des bêtises, je ne me souviens déjà plus du cadeau auquel j'ai droit en tant que nouveau client ?… Ah oui, ça me revient : une parure éponge huit pièces ! Avec le logo Max Havelaar, oui Madame. Chez Damart, on jette des tonnes de papiers par les fenêtres, on joue sur la faiblesse des petits vieux mais on est regardant sur le respect des producteurs — pour cette parure tout du moins. Au fait, à quand une certification Max Havelaar pour les produits fabriqués en France ?
Ce document n'est pas facile à imaginer par le biais d'un scan. Il s'agit d'une imitation de cliché Polaroid (avec le carré brun au verso, s'il vous plait) collée sur une simili note officielle, façon secret-défense. Le tampon du désormais familier « service gros lots et cadeaux ». Et comme je suis un peu dur du ciboulot, Damart a la délicate attention de me rappeler le cadeau auquel j'ai droit pour ma prochaine commande, tous en cœur : une parure éponge huit pièces. Avec une précision importante cependant : « oui, chère madame, cinq chèques de 1 000,00 € seront bien glissées dans cinq cadeaux conformément au règlement… tout cela afin de créer l'évènement pour accueillir nos nouvelles clientes ». Je vais te le créer l'évènement moi, tiens !
Hop, le pseudo chèque collé sur une énième lettre de bienvenue. Un chèque de - 25 %. Ne le déposez surtout pas à la banque, ça ne passera pas. On imagine ce M. Chaumont (existe t-il vraiment ?), le très apprécié directeur de la clientèle qui doit avoir la lourde charge d'imaginer tous ces supports de communication, s'amuser à gribouiller des milliers de lettres au stylo, la nuit. Courage Madame Chaumont (je peux vous appeler Madame ?), vous ne faites décidément pas un métier facile.
Nous sommes quittes.
---------------
Édit 20/01 - 12 h 00.
Moins de 24 heures après la publication de ce billet, La Redoute a réagi de manière efficace (pour d'avantage d'explications, lire les commentaires) :
Bonjour Christophe,
Effectivement, j'ai lu votre article ce matin.
Le service client, averti dans la foulée, a souhaité vous contacter immédiatement pour faire le nécessaire ;-).
Il est vrai que la gestion d'un fichier de plusieurs millions de clients engendre quelques "mésaventures" telles que celle que vous décrivez dans votre billet sans concessions mais plein d'humour.
Je vous confirme que vous ne recevrez plus nos courriers.
Encore nos plus plates excuses pour cette situation.
Cordialement,
Grégory, Community Manager, www.laredoute.fr
Tunisie, où l'on tire sur les manifestants.]]>Mémoires d'un juré
http://ouinon.net/index.php?2010/12/02/460-memoires-d-un-jure
2010-12-02T15:59:13+01:00frChristophe D.Mes billets iciAux yeux de la Loi, il existe trois catégories d'infractions : les contraventions, les délits et les crimes. La cour d'assises est exclusivement chargée de juger les crimes. Les jurés ne sont appelés que pour siéger en cour d'assises.
***
Palais de justice de Bobigny, le mardi 16...La cour d'assises est exclusivement chargée de juger les crimes. Les jurés ne sont appelés que pour siéger en cour d'assises.
***
Palais de justice de Bobigny, le mardi 16 novembre 2010, 9 h 30, cour d'assises n°2.
Convoqué une heure en avance, je suis assis dans la salle d'audience avec d'autres séquano-dionysiens appelés à participer au tirage au sort du jury de cette session de cour d'assises. Dans la salle, pas encore d'avocats, de magistrats, pas encore de témoins, ni de spectateurs. Uniquement les peut-être-futurs jurés qui attendent, sans se connaitre, qu'on veuille bien mettre leur nom dans l'urne.
Un homme entre, qui n'était pas présent la veille pour la journée de préparation des jurés (formalités, étude des nombreuses demandes de dispense, séance vidéo, discours du président et possibilité de visiter une prison l'après-midi). La cinquantaine, typé antillais, bonne bouille, plutôt petit, habillé simplement, l’homme qui vient d’entrer dans la salle d’audience semble un peu perdu. Pour s'orienter, il montre sa convocation à un policier posté à l'entrée. Celui-ci lui tend le doigt en direction du banc des accusés.
L'accusé qui vient d'arriver comparait libre, et à ce titre il prend place non pas dans le box, mais juste devant, sur un des sièges réservés normalement aux avocats de la défense. Le voila assis tout seul, comme un con, face à la trentaine de jurés potentiels qui ne se privent pas de quelques chuchotements que je parviens à entendre du fond de la salle : « c'est lui !? ». Comme d'autres, je jette un œil discret pour me remettre en mémoire les accusations qui sont portées à cet homme. « Viols sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité, viols par personne ayant autorité, atteintes sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité, atteintes sexuelles par personne ayant autorité » (pour information, viol sur mineur de 15 ans signifie en fait sur personne de moins de 15 ans).
De l'autre côté de la salle, sur les sièges réservés aux parties civiles, arrivent au fil des minutes plusieurs jeunes femmes.
Outre le remord, la honte ou la colère qu'il doit peut-être ressentir face à ses accusatrices, ce petit homme doit aussi avoir peur. Même s'il nie les faits qui lui sont reprochés, la possibilité de perdre sa liberté au terme des trois jours d'audience qui lui sont réservés ne doit pas lui échapper.
Qu’a bien pu faire l’accusé ce matin, avant d’arriver au tribunal pour assister à son propre procès criminel ? Arrosé ses plantes ? Mis un peu de nourriture dans la gamelle du chien ? Salué ses voisins ? Leur a t-il dit où il se rendait ? A t-il composté son ticket de bus ?
À quoi pensera t-il jeudi matin, le jour prévu pour le verdict, juste avant de quitter son domicile pour rejoindre une dernière fois le tribunal ?
Ce jour là, reconnu coupable, les policiers le menotteront pour le conduire en prison, pour huit années. Qu’il aura sans doute bien méritées.
Mais ce premier jour, je ne sais rien de ce qu'il adviendra. Je présume encore l'innocence de l'accusé, et à vrai dire, je ne suis pas sûr de savoir ce qu'il peut bien avoir dans la tête. Quoi qu'il en soit, il m'inspire tant de pitié que je me demande si cette arrivée en avance ne fait pas partie d'une stratégie de défense destinée à émouvoir ceux qui seront désignés pour être jurés, habillement conseillée par son avocat. D'ailleurs, son défenseur, le voici : Alex Ursulet, ténor du barreau, notamment connu pour avoir défendu Guy Georges, qui arrive 20 minutes après son client, accompagné d'une assistante. À peu près au même moment que les autres acteurs de ce procès qui peut ainsi commencer, comme il se doit, par le tirage au sort des jurés.
Malheureusement, je ne ferai pas partie de ce jury. Convoqué comme suppléant, mon nom n'est même pas placé dans l'urne (tous ceux qui habitent la ville du tribunal sont convoqués en qualité de suppléant). Je reste cependant dans le public jusqu'à 13 heures pour assister à la présentation de l’accusé, à la lecture de l’acte d’accusation et à une vaine demande de report de Maître Ursulet. Puis je m'en vais.
***
De retour au palais de justice le lundi suivant pour le tirage au sort des jurés de la troisième et dernière affaire de cette cession d'assises (la deuxième a été jugée le vendredi entre professionnels, lors d'une « procédure par défaut » — l'accusé étant en fuite).
Tiens ! L'avocat général, qui vient d'entrer, est Philippe Bilger. L’un des magistrats les plus médiatiques de France, que je connais notamment pour avoir suivi son blog. Je sais aussi qu'il a écrit de nombreux bouquins sur la justice.
Dans les cours d'assises du palais de justice de Bobigny, les places du public sont divisées en trois zones. Les places de droite, côté box, sont réservées aux familles et aux amis des accusés. Les sièges du milieu, plus nombreux, sont réservés aux spectateurs neutres. Les sièges de gauche, côté avocat général, sont réservés aux parties civiles, à leurs familles ou leurs amis. Le premier jour, les policiers filtrent l'entrée de la salle d'audience afin de ne pas placer n'importe qui n'importe où.
Parmi le public qui arrive au compte-gouttes, je devine les parents des protagonistes. À leurs attitudes, je comprends qu'être assis à la gauche ou à la droite de la salle n'est facile pour personne, surtout pas pour les familles de victimes.
Après une longue attente, pendant laquelle les possibles jurés s'étaient peu à peu mis à papoter joyeusement (les uns racontant leur expérience de la semaine précédente aux autres), tout le monde se tait brusquement. Ce qui me permet, à moi aussi, d'entendre le bruit d'une clé dans la serrure de la porte située derrière le banc des accusés. Avec une heure de retard, les trois accusés entrent, accompagnés d'une escorte de huit policiers. Silence absolu. C'est un moment grave, difficile à décrire. Pendant quelques minutes, je ne me risque plus trop à observer les réactions des familles. Du coin de l'œil, je focalise mon attention sur les accusés, qui n'oseront même pas lever la tête pour adresser un regard à leurs proches, venus courageusement les soutenir.
Quelques minutes plus tard, une sonnerie annonce l'entrée de la cour, c'est à dire le président de la cour d'assises et ses deux assesseurs (des juges professionnels qui ne connaissent pas le dossier). Tout le monde se lève, l'audience est ouverte. Tirage au sort des jurés.
Mes cheveux sont mal coiffés. Ça doit faire quinze ans que je n’ai pas mis les pieds chez un coiffeur, me contentant d'un coup de tondeuse auto administré tous les trois ou quatre mois. C'est ridicule mais sachant que la cession d'assises approchait, je n'avais pas osé me raser la tête, de peur d'être récusé (je suis barbu et nous sommes dans le 93…). Je sais que l'expérience ne sera pas facile mais j'ai diablement envie d'être juré. Cette fois mon nom est bel est bien dans l'urne, j'ai donc une chance.
Et cette chance me sourit ! Lorsque mon nom retentit, un peu sonné par l'émotion, mes jambes passent en mode pilotage automatique pour marcher jusqu'à la place que l'huissier me désigne. Pendant cet interminable trajet, les avocats de la défense et l'avocat général ont le droit de me récuser. Ce peut être à cause de mes origines supposées, de ma profession, de mon sexe, de mon âge, de mon apparence, de ma réaction… tout dépend des spécificités de l'affaire à juger, de la perception et des habitudes de ceux qui disposent de ce pouvoir. La défense peut récuser cinq personnes, l'avocat général peut en récuser quatre, et ceux là n'ont aucune justification à apporter à leurs choix. Le récusé a consigne de n'afficher aucune réaction et doit faire demi tour pour retourner s'assoir dans le public. C'est brutal, mais c'est comme ça.
Avant que mon nom ne soit sorti de l'urne, la défense avait déjà purgé tout son droit de récusation. Les trois défenseurs n'avaient visiblement pas laissé passer les noms à consonance portugaise (origine de la principale victime) et quelques mères de familles dépassant la cinquantaine (qui pourraient, selon mon interprétation, s'identifier à la mère de la principale victime). L'avocat général, quant à lui, n'a récusé que deux personnes dont une, gênée par un problème d'ordre gastrique mais n'ayant pu se faire dispenser par la voie naturelle, qui le lui avait demandé discrètement avant l'audience.
Ouf, je parviens jusqu'au fauteuil qui m'est désigné. Ça y est, j'y suis ! Un soulagement qui ne m'empêche pas de ressentir physiquement une forte pression pendant ces premiers instants. Peut-être est-ce mon cœur qui bat trop vite. Peut être est-ce d'avoir marché en apnée de ma chaise de spectateur jusqu'à mon fauteuil de juré. Toujours est-il que mon corps ressent le poids de la fonction qui vient de m'être allouée, ce à quoi je ne m'attendais pas — pas à ce point en tout cas.
Au sens littéral, je dois faire face. Je ne suis plus au fond de la salle à observer l'assemblée du coin de l'œil mais face aux parties, à leurs familles, à leurs amis et à leurs avocats. Un par un, nous, les jurés, prêtons le serment énoncé par le président :
« Vous jurez et promettez d'examiner avec l'attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre les accusés, de ne trahir ni leurs intérêts, ni ceux de la société qui l'accuse, ni ceux des victimes ; de ne communiquer avec personne jusqu'après votre déclaration ; de n'écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l'affection ; de vous rappelez que l'accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous décider d'après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction avec l'impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions. »
Je le jure.
J'implore mon esprit de me revenir au plus vite. Pour m'y aider, j'ouvre le carnet Moleskine dans lequel j'ai si souvent écrit mes idées. Pendant les quatre jours à venir, je vais y noircir 24 pages.
Dernier juré titulaire a avoir été tiré au sort, je me trouve assis à l'extrême gauche de la salle. Il s'agit d'un procès en appel et par conséquent nous sommes douze jurés au lieu de neuf (plus deux remplaçants qui doivent assister à tous les débats avec nous, au cas où l'un des titulaires aurait un empêchement pendant la durée du procès). Du coup, je me trouve vraiment tout au bout de la table du président, à deux mètres de l'avocat général. Président, assesseurs, jurés titulaires et remplaçants : au total, nous sommes 17 à être installés derrière la longue table du siège, qui domine la salle sur toute sa largeur.
En première instance, les deux principaux accusés ont pris vingt ans. L'un pour meurtre et vol. L'autre, le meneur, pour complicité de meurtre, tentative de meurtre et violences. Ils sont incarcérés depuis mai 2005, peu après la date des faits. Le troisième comparant a été condamné à deux années d’emprisonnement, dont une ferme, pour abstention volontaire d'empêcher un crime. Deux autres personnes ayant fait partie du même groupe, et qui avaient écopé de la même peine en première instance, n'avaient pas souhaité faire appel.
Le premier temps du procès concerne la lecture, par le greffier, de l'Ordonnance de Mise en Accusation délivrée par le juge qui a instruit l'affaire.
Une folle histoire vengeance qui s'étale sur huit heures, trois arrondissements de Paris et trois agressions différentes, impliquant entre 10 et 20 personnes. Une histoire dont l’épisode le plus dramatique fut causé par un dragueur orgueilleux qui, tabassé l'après-midi pour une fille, n'avait rien trouvé de mieux que de revenir régler ses comptes le soir, avec quatre amis et deux couteaux. Voyant arriver les vengeurs avec leurs armes tranchantes, les tabasseurs de l'après-midi s'étaient enfuis tandis que trois de leurs copains de quartier, des jeunes sans histoire avec qui ils discutaient ce soir là en attendant la diffusion d'un match de foot, étaient restés sur place, sans trop comprendre ce qui était en train de se passer. Et pour cause, puisque ces trois là n'avaient précisément rien à se reprocher. Ce seront pourtant les trois victimes. La plus jeune recrue du groupe vengeur, âgé de 18 ans et 2 mois au moment des faits, avait voulu montrer à ses ainés qu'il en avait en plantant son couteau dans la fesse de la première victime — qui était de dos, en train de téléphoner. La lame glissa facilement dans le corps du malheureux sans heurter d'élément osseux, du haut de la fesse jusqu'à l'artère iliaque, située 10 cm sous la surface de la peau. En quelques minutes, la victime se vida de son sang jusqu'à succomber. Pendant ce temps, le meneur, celui qui s'était fait tabassé l'après midi, lui aussi armé d'un couteau (c'est d'ailleurs lui qui avait fourni son arme blanche au tueur) s'en prenait courageusement à la deuxième victime, un handicapé ayant contracté la poliomyélite dans son enfance. Touché à l'arcade, au coude et à la main en cherchant à se protéger de la lame, il est présent dans la salle d'audience. La troisième victime, légèrement blessée, avait été frappée alors quelle tentait de défendre la deuxième victime.
Les faits sont infiniment plus complexes que ce grossier résumé et la lecture de « l'O.M.A. » s’étale sur plus d'une heure. Une grande partie sont reconnus par leurs auteurs, sauf pour ce qui concerne l'intention de donner la mort pour les deux principaux accusés ; et sauf pour ce qui concerne la possibilité d'empêcher un crime, pour le troisième. Ce sont les principaux objets de ce procès en appel.
Je prends un maximum de notes et dresse au pied levé un premier schéma (les érudits appellent cela une carte heuristique) pour tenter de m'y retrouver au plus vite.
À ce propos, je trouve dommage que la cour ne tienne pas à disposition des jurés, des magistrats et du public, des éléments graphiques pour synthétiser visuellement les faits décrits par l'instruction. Par exemple, pour ce cas précis, une carte géographique, une frise chronologique, et un organigramme aurait permis de situer sans ambiguïté les personnes citées dans l'espace, le temps et les relations. Même concernant les débats contradictoires, il serait à mon avis infiniment plus simple de discuter, par exemple, de la position exacte d'un accusé en s'appuyant sur un support cartographique, plutôt que se cantonner à exposer à l'oral les versions des uns et des autres, avec toutes les approximations (volontaires ou non) et interprétations que cela comporte.
D'ailleurs, je l'ai fait : à la fin de la deuxième journée d'audience, j’ai profité de ma soirée pour imprimer un plan Google Map sur lequel j'avais tracé quelques points au stylo afin de visualiser avec précision le déplacement des agresseurs (merci Google Street View pour la localisation exacte des adresses). Cela m'a permis, ainsi qu'aux autres jurés, de comprendre en un clin d'œil que les accusés avaient bel et bien fait volontairement un détour pour aller à la rencontre de leurs victimes.
Suivent les interrogatoires des parties civiles, des accusés, des experts et des témoins, entre lesquels s’intercalent les lectures de quelques procès-verbaux (P.V. pour les intimes). Les questions sont posées par le président, par le procureur et par les avocats. Lorsqu’un juré a une question à poser, il doit le faire par le biais d’une note passée au président qui la lira à voix haute, s'il la juge utile et si celle-ci ne traduit pas une opinion en faveur de l'une des parties. En effet, la tournure de toute question posée lors d'une audience doit restée neutre.
Dans les procès-verbaux, nous remarquons que certaines déclarations, faites à chaud par des accusés pendant leur garde à vue, sont différentes des versions « retravaillées » qui sont présentées depuis le banc des accusés. Ce que ne manquent pas de relever les avocats des parties civiles.
Les accusés gardent la tête basse. Je note sur mon carnet que le premier d’entre eux à s'être exprimé en regardant les victimes ou leurs familles, l'a fait le mercredi, troisième jour d'audience, à 11 heures.
Au fil des déclarations, à de multiples reprises, des personnes craquent, que ce soit à la barre, dans le box ou parmi les spectateurs. Lorsque cela se produit dans le public, l'huissier se déplace pour demander discrètement à l'intéressé(e) de quitter la salle, afin de ne pas troubler les débats. Il y a aussi ceux qui pleurent discrètement, en essayant de ne rien montrer à leurs voisins.
Pendant l'intégralité des quatre jours du procès, le père de la principale victime et celui du principal accusé auront une attitude similaire, le regard figé devant eux, sans une attention pour les accusés.
J'ai toujours autant de mal à poser mes yeux en face à tous ces gens. Quelques regards furtifs par ci, par là. Lorsque je ne suis pas en train d'écrire, j'essaie principalement de me cantonner à fixer ceux qui ont la parole.
• « Des bêtises !? Ce ne sont pas des bêtises que votre frère a faites. Il y a un mot pour désigner ce qu'il a commis » (L'avocat général).
• La petite amie du défunt, constituée partie civile, aux avocats des accusés : « C'est vous qu'on appelle la défense ? J'ai l'impression d'être l'agresseur. »
• La petite amie du défunt : « j'ai l'impression qu'on refait le premier procès, mais avec des accusés qui ont muri et leurs avocats qui ont pris du galon. Sauf que pour nous, les victimes, rien n'a changé. »
• Le docteur Frantz Prosper, expert psychiatre de renom (qui ferme les yeux lorsqu'on lui parle et qui témoigne à la barre en citant les dossier de deux des accusés de mémoire, de manière extrêmement précise, sans aucune note) : « La colère est un domaine passionnant. Il existe de grandes études sur la colère. »
• Le docteur Prosper, roublard, lorsqu'un avocat de la défense lui pose une question : « Voyez-vous, messieurs les jurés, les avocats demandent souvent à l'expert de confirmer des choses que tout le monde sait afin de crédibiliser une thèse au détriment d'une autre. C'est un grand classique des salles d’audience ! »
• Le troisième accusés, qui tente on ne peut plus maladroitement de se dédouaner de l'une de ses anciennes peines : « Vous savez m'sieur le président, tout est possible avec la justice ! »
• L'avocat général, à un témoin de la défense, animatrice d'une association de quartier : « En développant une culture de l'excuse [NDLR : du genre ‘vous comprenez, s'ils font ceci c'est à cause de cela’], n'avez-vous pas l'impression de priver ces jeunes de l'honneur d'être responsables ? »
• Le président : « Pouvez vous nous lire l’étiquette de prix qui est collée sur le manche du couteau qui a servi à tuer ? ». L'huissier : « 3,50 €. »
Au milieu de toute cette gravité, je suis particulièrement impressionné par le brio des avocats. Un métier que je n'aurais décidément jamais pu exercer. Maitrise absolue du langage, vivacité d'esprit, assurance en toutes circonstances. Ils sont six avocats en colère, à défendre leur(s) client(s) comme si leur propre vie en dépendait : Tcholakian, Valent et Bianchi pour les parties civiles ; Cohen-Sabban, Lebras et Kail pour la défense. Les assesseurs nous confirment en coulisse que ce sont plutôt des bons.
À la fin de chaque audience, au moment où nous quittons la salle, l'avocat général glisse souvent un petit mot souriant à son plus proche voisin, c'est à dire moi. « Bonjour », « bon appétit », « vous pouvez laisser vos affaires ici », « au revoir », « à demain ». Pendant les débats, je l'entends parfois marmonner. Aussi, je constate par certaines de ses remarques que l'homme est très pointilleux sur le sens des mots utilisés par les différents intervenants.
Je note jusqu'aux noms et adresses des personnes citées dans le dossier. Ce qui me permet de faire une peu de ‘googling’ le soir, pour tenter de mieux les connaitre. Je me rends compte que tous ces gens, victimes, experts et magistrats compris, sont très peu visibles sur internet — ce que je comprends aisément. Les mieux servis sont les deux principaux accusés, mais pas dans le bon sens puisque Google n'associe leurs noms qu'aux dizaines d'articles de presse qui concernent l'affaire que nous jugeons — qui fut largement médiatisée et qui avait même donné lieu à une marche silencieuse. À cette occasion, je remarque qu'il existe souvent une différence importante entre les faits décrits par les journalistes et la réalité du dossier.
La nuit, je dors mal, quelques heures seulement — et ce sera encore le cas jusqu’à plusieurs jours après la fin du procès. Une fois debout, mon premier réflexe est de noter les idées que j'ai pu avoir dans la nuit.
L'arrivée et la sortie du palais de justice sont des moment un peu particuliers puisque jurés, parties et familles sont amenés à emprunter communément le grand hall du bâtiment. Les familles des victimes et des accusés se croisent en silence. C'est assez gênant et j'avoue qu'il m'est parfois arrivé de regarder mes chaussures en contournant ces gens plus ou moins habilement, d'autant qu'il n'est pas conseillé aux jurés d'entrer en communication eux. En revanche, pour accéder à la salle d'audience depuis le hall, nous avons droit à une porte spécifique — à quelques mètres de l'entrée des spectateurs — ouvrant sur une série de couloirs qui nous amènent directement jusqu'à la salle des jurés.
À partir de mercredi après-midi commencent les plaidoiries. Chacun des avocats essaie de convaincre, voire de séduire le jury. L'impression d'assister à un grand spectacle monté spécialement pour mes acolytes et moi — ce qui n'enlève rien à l'intérêt et à la gravité de ce qui s'y dit. À l'écoute des plaidoiries, je devine des méthodologies, des codes, des façons d'occuper la salle, des façons de se faire respecter entre confrères ou de tenter d'impressionner les magistrats. On cite des références littéraires, cinématographiques et historiques. Certains vont jusqu'à s'aventurer dans des allusions humoristiques, ce que je trouve assez risqué devant les familles de victimes — qui ne sont franchement pas là pour rigoler.
• Maître Valent, pour les parties civiles, commence sa plaidoirie par cette phrase : « Je sais que je suis quelqu'un qui, parfois, peut agacer. »
• L'avocat général, dans son réquisitoire : « Quand j'ai entendu le mot ‘jeu’ prononcé à 2 ou 3 reprises durant ce procès [NDLR : « c'est le jeu », par exemple, entendu le matin même], j'ai du contenir mes pulsions naturelles. La justice n'est pas un jeu, c'est même le contraire ! »
• L'avocat général, pas dupe, dans son réquisitoire : « Au fond, les accusés ne pouvaient être sincères que s'ils s'accablaient totalement. »
• Maître Lebras, pour la défense : « L'acte de juger, c'est aussi l'art d'être compris par ceux que l'on juge. »
• Maître Lebras : « Dans certaines peines d’emprisonnement, il y a un temps qui punit et un temps qui pourrit. »
• Maître Cohen-Sabban commence sa plaidoirie par cette phrase : « Lyon, 11 mai 1987, premier jour du procès de Klaus Barbie. »
• Maître Cohen-Sabban, pour la défense : « La pathétique petite Pita » (à propos d'un témoin rocambolesque dénommée Pita, ex danseuse à Pigalle, ayant involontairement déclenché toute l'histoire.)
• « Et ce n'est pas à vous, jurés de la Seine-Saint-Denis, que je vais apprendre ce qu'est la violence. Elle est, malheureusement, votre quotidien. » Maître Cohen-Sabban, pour la défense. À ce propos, le président nous a indiqué en coulisse que la cour d'assises de Bobigny serait la plus sévère de la cour d'appel de Paris (La cour d'appel de Paris désigne la région juridictionnelle dont Paris est le « chef lieu ». Cette région comprends Paris, la Seine-Saint-Denis, l'Essonne, La Seine-et-Marne, Le Val-de-Marne et l'Yonne).
• Maître Cohen-Sabban : « La justice, pas la vengeance. »
Dans les premières minutes du réquisitoire de l'avocat général, pour lequel je suis aux premières loges, je me trouve plaqué à mon dossier de fauteuil par l'intensité du discours. Bilger, 67 ans, n'a pas de micro et hurle une heure durant, les yeux exorbités, appuyant ses propos et arguments avec force ; le tout servi par une brillante maitrise du français et de la rhétorique. Fluide, précis, percutant, beau à écouter.
Bilger introduit en expliquant longuement son rôle, « avocat de tous les français » dit-il ; et en profite pour nous rappeler, à sa manière, le notre, celui des jurés (comme l'ont d’ailleurs fait plusieurs avocats pendant leurs plaidoiries). Je suppose que c'est une manière de préparer ses auditeurs à ce qui va suivre. Puis il qualifie les actes, employant à cette occasion le terme de « bêtise criminelle ». Enfin, il propose une peine pour chacun des accusés. L'avocat général, dans sa robe rouge à revers bordés d'hermine, doit faire preuve d’un maximum d'autorité. Ne surtout pas trembler, ne surtout pas donner l'impression d'hésiter.
Chose apparemment rare, l'avocat général requiert finalement une peine moins lourde que le jugement rendu en première audience : 15 ans au lieu de 20 pour le tueur et pour son complice. Précisant que, selon lui, le premier procès avait été mal jugé.
Le dernier acte du procès commence le jeudi après midi. Après avoir annoncé à la salle que nous allions nous retirer pour délibérer, le président demande à ce que les entrées de la salle des jurés, dans laquelle nous venons de pénétrer, soient surveillées par des gardes armés. Les deux jurés suppléants doivent quitter la salle pour rester enfermés dans le bureau du président. En effet, pendant les délibérés, ces deux là ne doivent être en contact ni avec les jurés titulaires qui délibèrent, ni avec les spectateurs de l'audience. Quant aux jurés titulaires, ils n'ont pas le droit de sortir de leur salle, sous quelque prétexte que ce soit, tant que le verdict n'a pas été rendu public. Ambiance.
La salle des jurés est aménagée pour la survie. Deux toilettes, un distributeur de café (payant), un distributeur de sucreries (payant, et qui ne fonctionne pas), une grande table, 17 chaises, des quantités de bulletins vierges, une urne et quelques dossiers et livres de loi apportés par le président… je crois que c'est tout. Aucune limite de temps n'est fixée, un délibéré peut très bien s'éterniser toute la nuit s'il le faut. Les parties et leurs défenseurs doivent patienter.
Le président mène le protocole. Luc-Michel Nivôse est un homme sympathique, aux cheveux et à la barbe blanche parfaitement taillée. Je lui trouve un physique de juge — assez proche de celui du photographe Yann Arthus Bertrand. Deux médailles sont agrafées sur sa robe rouge — d'après ma mémoire visuelle et mes recherches, il s'agirait de l'Ordre national du mérite et des palmes académiques. En plus de son rôle de président de cour d'assises (ils sont une dizaine à assurer cette fonction sur toute la cour d'appel de Paris), l'homme enseigne le droit à l'université. Bienveillant et pédagogue, il répond sans problème à toutes les questions que lui posent les jurés. Et comme à chaque fois que nous partageons un moment « en privé » avec le président et ses assesseurs, les questions sur le procès, et même sur la chose judiciaire en général, fusent.
Le président Nivôse commence par proposer un tour de table afin d'entendre le sentiment de chacun sur l'affaire en général. Après quoi nous débattons plus librement sur le cas de chacun des accusés. Les arguments sont nombreux, à charge ou à décharge, parfois inédits et pertinents. Je participe activement aux discussions, sans avoir pour autant d’avis tranché sur certains points. Les échanges sont passionnés mais courtois et disciplinés. Pas de dérapage à noter, malgré une ambiance forcément tendue par l’enjeu.
Les différentes qualifications possibles pour cet homicide :
— Assassinat = meurtre avec préméditation (exemple : une embuscade mortelle). Risque jusqu'à la réclusion à perpétuité ;
— Meurtre = homicide volontaire sans préméditation (exemple : une personne qui abat un cambrioleur en fuite). Jusqu'à 30 ans de prison ;
— Violences volontaires avec arme ayant entrainé la mort = coups portés volontairement, mais sans intention de donner le mort (exemple : un célèbre chanteur français qui, dans une fureur noire, frappe sa compagne et la tue sans l’avoir désiré). Jusqu'à 20 ans de prison.
Nous entamons une première série de votes pour déterminer les chefs d'accusations. Concrètement, il nous faut répondre selon notre intime conviction par oui ou par non à 18 questions préalablement rédigées par le président. Questions qui sont spécifiquement relatives à l'affaire que avons à juger. Le juge et ses deux assesseurs votent avec nous et leurs voix ne valent pas d'avantage. Si certaines questions coulent de source (l'accusé est-il coupable d'avoir exercé des violences sur la victime ? Ces violences ont elles entrainé la mort ? Ces violences ont-elles été commises avec une arme ?), d'autres sont nettement plus délicates.
Pendant les votes, je remarque qu'il se met à neiger pour la première fois de cette fin d'année. Combien de fois m'étais-je enthousiasmé de voir tomber ces premiers flocons ? J'habite à 200 mètres du tribunal, dans la maison de ma grand mère — maison dans laquelle je n'ai pas toujours vécu mais que j'ai toujours connu. Je me pris à penser que si l'Hôtel de police du 93 n'avait pas été érigé entre nous, je pourrais sans doute la voir depuis ma chaise. Dans les années 80, comme je passais beaucoup de temps chez mes grands parents, j'ai vu construire ce palais. Avec mes amis du quartier, nous tentions de construire des cabanes sur le terrain vague d'en face (aujourd'hui occupé par l'Hôtel de police), avec les matériaux entreposés qui allaient servir à l'édification du bâtiment de briques. Et même avant sa construction, je me souviens très bien des maraichers qui occupaient autrefois le terrain pour y cultiver des salades. Ce grand bâtiment autour duquel j'ai si souvent marché, couru, pédalé, joué, sans jamais y pénétrer.
Pendant quelques secondes, l'apparition de la neige m'avait sorti de ce lourd contexte pour me plonger dans quelques souvenirs d'enfance. À quelques mètres de là, parents de victimes et d’accusés pensent peut être aussi à leur fils lorsqu'il était enfant. Je dois me concentrer sur les votes. De toute façon, la neige s'est vite arrêtée de tomber.
Viennent les principales questions, portant sur l'intention de donner la mort. Je me souviens qu'il faut juger les faits, pas l'émotion des victimes, des accusés et de leurs familles respectives. Je me souviens que la peine est à la fois une sanction pour l'accusé et un message que l’on adresse à la société. Je me souviens que si doute il y a, il doit profiter aux accusés.
Dépouillement. Pour les deux principaux accusés, les votes n'ont pas retenus l'intention de tuer. Quant au troisième larron, initialement condamné à 2 ans d’emprisonnement, dont un ferme, il est finalement relaxé (il serait compliqué de m'étaler en détails sur son cas — qui est de toute façon secondaire dans cette histoire).
Après avoir voté les culpabilités, nous entamons la seconde série de votes, beaucoup plus déroutante en ce qui me concerne : déterminer la durée des peines qui vont en découler. Il ne s'agit plus de répondre à des questions, mais de donner un chiffre qui doit se situer, en gros, entre 10 et 20. Chaque chiffre représente une année d'incarcération (un peu moins, en vérité, à cause des remises de peine, dont nous ne devions pas tenir compte — c'est troublant, mais c'est ainsi). Tant qu'une peine n'obtient pas la majorité, il nous faut refaire scrutin en éliminant la possibilité de voter pour la peine la plus haute votée au tour précédent par une ou plusieurs personnes. Le maximum requis descend ainsi au fur et à mesure des tours de vote, jusqu'à ce qu'une peine obtienne la majorité. Il nous faudra plusieurs tours pour y arriver.
Celui qui a tué est condamné à 14 années de détention. Celui par qui tout est arrivé, qui a entrainé ses compagnons, qui a acheté les couteaux, qui a exercé des violences volontaires avec une arme sur une personne vulnérable, écope de 15 ans de prison. Un an de plus, même s'il n'a pas tué, pour avoir dramatiquement fait basculer le destin de tous les autres. Peines qui correspondent à peu près à ce qu'avait requis les avocats généraux aussi bien en première, qu'en deuxième instance.
Après quatre heures de délibération, nous pouvons retourner dans la salle d'audience pour l'annonce du verdict. Il est 19 heures et la salle est plus remplie qu'elle ne l'a jamais été. Le président énonce calmement les réponses aux 18 questions, les chefs d'accusation retenus, et enfin les peines. Pendant ces quelques minutes, j'ai tellement le trac que je ne sais absolument plus où poser mes yeux. J'ai souvent été confronté à cette gêne pendant ces quatre jours d’audience, mais au moment du verdict, cela devient franchement insupportable.
L'occasion d'évoquer le courage du président au moment du verdict. Quel que soit son avis personnel — qui peut très bien être différent de celui de la majorité des votants — lui, doit annoncer tout cela en levant la tête. Tout comme l'avocat général l'avait fait lors de son réquisitoire, le président doit faire preuve d’autorité et ne surtout pas trembler. À cet instant, devant la tension ambiante, je me rends compte de l'extrême difficulté de cette tâche.
Sans même attendre que le président ait fini de s'exprimer, la famille des victimes quitte bruyamment les lieux en claquant la porte au sens propre comme au sens figuré. On nous avait prévenu : aucune peine ne peut compenser la perte d'un proche. Et concernant le contexte particulier d'un jugement en appel, il y a cette inévitable comparaison avec le jugement de première instance, qui ne peut que décevoir l'une ou l'autre des parties.
De ce côté là de la salle d’audience, seuls trois personnes restent à leur place : Solène, la petite amie de David, le jeune homme qui a perdu la vie ; ainsi que Moussa et Luc, deux de ses proches amis. Au moment du drame, lorsque les agresseurs sont arrivés couteaux la main, David téléphonait devant la fenêtre de chez ses parents, chez qui l'attendait Solène. De dos, il n'avait pas vu arriver celui qui allait, sans prévenir, lui donner la mort (peut-être — on ne le saura jamais avec certitude — involontairement). Moussa, qui ne peut se déplacer qu'avec une béquille, était resté assis sur le capot d'un véhicule en stationnement et avait lui aussi fait l'objet de coups de couteaux. Luc avait d'abord eu l’instinct de se protéger lui-même en contournant la voiture sur laquelle il était assis aux côtés de Moussa, avant de revenir tirer son ami par le bras afin de tenter de le protéger de son agresseur (le sauvant peut-être — on ne le saura jamais avec certitude — de la mort).
Ce soir du 25 novembre 2010, vers 19 heures, 5 ans et 6 mois, jour pour jour, presque heure pour heure, après que leur ami fut tué par la lame d'un couteau à 3,50 €, ces deux là avaient une fois de plus décidé de rester.
Quelques liens :
• Paroles de jurés — témoignages écrits par des anciens jurés. [Édit 8 avril] Mon texte figure désormais dans la série (en version anonymisée et sans liens, pour des raisons de ligne éditoriale)
• Citoyens jurés — la vidéo que les greffiers diffusent lors de la journée de préparation des jurés.
• Cour d'assises, crimes et châtiments — Documentaire découpé en six parties de 20 minutes sur Dailymotion. Trois procès d'assises suivis au travers de ses jurés.
• Sur le banc des assises — reportage de 33 minutes sur le fonctionnement d'une cour d'assises.
• Justice au singulier — le blog de Philippe Bilger.
• L'incontournable blog de Maître Eolas.]]>Constituer une archive photographique familiale
http://ouinon.net/index.php?2010/10/29/457-constituer-une-archive-photographique-familiale
2010-10-29T13:12:13+02:00frChristophe D.Mes billets iciUn jour, par curiosité, j'ai mis le nez dans le carton de photos de ma grand-mère maternelle, la seule qu'il me reste. Un bon millier de tirages en vrac, peu légendés, pas du tout classés, la plupart en petit format. Mon aïeule se penchait au hasard sur les premières images du tas, essayant...
Au fil des décennies, et notamment depuis les années 80, les appareils de prise de vue se sont démocratisés et mon rapport à la photographie familiale est déjà très différent de celui de ma grand-mère. Avec le numérique, mes enfants auront un rapport à ce genre d'image qui sera encore différent du mien (j'ai 35 ans). Ils ont été, sont, et continueront à être photographiés et filmés régulièrement de leur naissance jusqu'à leurs derniers jours. Pour eux, c'est normal. Et quand bien même je ne serais pas équipé, j'aurais des amis prêts à m'envoyer dans l'heure des centaines de photos et de vidéos de mes enfants.
Mieux encore, mon fils aîné pourra constater que ma mère a eu le temps de l'aimer, de lui parler, d'être heureux d'être avec lui, avant de disparaître. Un témoignage visuel, et même audiovisuel dans ce cas précis, qui subsistera bien au-delà de ses premiers souvenirs d'enfant et qui n'aurait probablement pas existé de la même sorte avec la transmission « à l'ancienne » du souvenir, constituée par l'oral, éventuellement appuyée par deux ou trois photos.
Le numérique permet aujourd'hui de mieux conserver, documenter, partager et visualiser ces images. Mes photos du moment sont directement importées depuis mon appareil numérique vers un logiciel de catalogage. Elles sont automatiquement rangées par dossiers datés. En attendant la démocratisation des boitiers géolocalisés, je peux ajouter quelques métadonnées (mots-clés, légendes, coordonnées géographiques…) pour documenter mes clichés et même, si je le souhaite, les partager par internet, quelques minutes seulement après avoir appuyé sur le déclencheur de mon appareil. Aussi, l'écran permet l'économie du tirage, la vision en grand format, la possibilité de zoomer, et bien d'autres choses encore.
Mais alors, à côté de ce rapport nouveau à l'image, quid de ces vieilles photos sans légende et sans date, dispersées, abimées, parfois imprimées sur divers supports (exemple, la moitié des photos prises par mon père sont développées sur diapo), dont l'histoire se perdrait inexorablement — s'est déjà perdue — au fil des années et des disparitions de leurs auteurs ou de leurs témoins ?
Qu'en sera-t-il du vieux carton de ma grand-mère si je ne prends pas la peine, tant qu'elle est encore là, de numériser, classer, documenter, transmettre son contenu à mes cousins et à ma descendance ?
Il y a un peu plus d'un an, j'ai donc pris conscience que je devais commencer au plus vite cette transition des supports photographiques anciens vers le support numérique. Profiter de ce que le numérique permet aujourd'hui (scanners performants à prix accessibles, espaces de stockage confortables, ordinateurs rapides et fiables, logiciels adaptés) tout en profitant encore de la présence de certains anciens. Il y a dix ans, ça aurait été trop tôt et dans dix ans, j'aurais malheureusement peut-être perdu d'autres précieux témoins. Avec l'aide de mon père, de ses deux sœurs et de deux de ses cousines pour le côté paternel ; et avec l'aide de ma grand-mère et de sa sœur (174 ans à elles deux !) pour le côté maternel, je m'en suis occupé.
Cela fut long — plus d'une année à scanner, trier et à échanger sur le sujet, selon les disponibilités et les trouvailles de chacun — mais tous se sont pris au jeu. Nous disposons aujourd'hui d'une archive photographique numérisée comprenant environs 6 000 photos (+ 5 vidéos) au total, dont la datation s'étale de 1891 à 2006 (la majorité se situe entre 1938 et 1990).
Techniquement, cette archive est découpée en 3 parties : les photos provenant de mes parents ; celles provenant de ma branche paternelle ; et celles provenant de ma branche maternelle. Au final, seul mon père, ma sœur et moi avons accès à l'intégralité. En effet, il n'y a pas grand intérêt, d'un point de vue archivistique, à partager nos photos de vacances des années 80 avec le reste de la famille ; pas grand intérêt non plus à partager les photos de la branche paternelle avec les cousins de la branche maternelle. Au moment du partage, il y a un tri logique à effectuer pour que l'archive ne soit inutilement chargée (de même, mes cousines et tantes qui ont collaboré avaient pris soin de ne m'envoyer que des photos qui pouvaient concerner la famille, pas de photos personnelles).
Par ailleurs, il m'a semblé utile de partager cette expérience dans la suite de cet article, à destination de ceux qui, tout comme moi, souhaiteraient préserver et transmettre la mémoire (visuelle) de leur famille. Cette méthodologie est celle d'un amateur, elle s'est façonnée sur le tas, après plusieurs ajustements. À la fin de cet article, je terminerai par une rapide description d'autres moyens simples qui permettent de transmettre la mémoire, en complément des archives photographiques.
1 - Rassembler les images
Ça n'a l'air de rien mais lorsqu'on entreprend un tel projet, on imagine pas à quel point, au hasard de la vie et des transmissions, les photos d'une famille peuvent être dispersées. Dispersées entre frères, sœurs et enfants, mais aussi dispersées au sein même d'un même foyer. Une boîte par-ci, un paquet de films par-là, une boîte à diapo dans le grenier… On me rappelle deux mois plus tard pour me signaler qu'un nouveau lot vient d'être retrouvé, etc. Chacun a dû user du téléphone et fouiller un peu partout pour rassembler les photos concernant l'histoire de la famille, avant de me les transmettre.
Une cousine de ma grand-mère paternelle nous a envoyé des photos d'arrière-grands-parents dont personne, à part elle, ne connaissait le visage. Nous avons aussi découvert des photos du frère de mon grand père paternel, que personne n'avait jamais vu (ou su que c'était lui), ce qui nous a donné l'occasion de rentrer en contact avec une de ses filles (une cousine germaine de mon père, qu'il ne connaissait pour ainsi dire, pas). J'ai aussi pu traiter le carton de photos précieusement gardé d'un de mes deux oncles disparus. Concernant ma famille maternelle, comme ma mère était fille unique, ce fut plus simple. La sœur de ma grand-mère, un peu plus jeune et à la mémoire moins vacillante, en plus d'apporter son lot d'informations sur les images, a réussi un coup d'éclat en me ramenant des bandes super 8 que j'ai fait numériser sur le champ, dont une concernait le mariage de mes parents et une autre avait été tournée lors d'une réunion de famille chez les parents de ma grand mère, dans les années 60.
Lorsque tout le monde s'y met, on découvre parfois des choses dont on ne soupçonnait même pas l'existence. Je connais aujourd'hui le visage de quatre de mes arrière-arrière-grands-parents (autrement appelé trisaïeuls, pour les intimes), de tous mes arrières grands parents, et de dizaines d'oncles et de cousins éloignés qu'au mieux, pour quelques-uns d'entre eux seulement, je ne connaissais que de nom.
2 - Reconstituer et classer les séries
À ce stade, je me retrouve avec plusieurs milliers de photos sur négatifs, diapositives et tirages stockés un peu partout dans mon bureau. Très peu d'albums chez nous. Au mieux, des boîtes et pochettes regroupant quelques séries de tirages des années 80-90. Le reste, c'est essentiellement du vrac.
Pour reconstituer les séries d'images (celles qui étaient à l'origine sur un même film), j'ai procédé en plusieurs étapes : regrouper les photos par supports ; pour les tirages, les regrouper par formats ; les regrouper par types de papier ; et enfin, utiliser les références imprimées au dos d'une partie des images pour reconstituer les séries qui pouvaient l'être. Pour le reste, pas de miracle, on procède par indices visuels et par intuition. À l'occasion, on s'aperçoit aussi que certains tirages sont isolés et que l'on ne possède tout simplement pas le reste de la série, probablement « perdue » chez des cousins éloignés.
Je range chaque série reconstituée dans une enveloppe, en vue de la numérisation à suivre. Tant qu'à faire, j'essaye de classer les enveloppes dans un ordre qui soit le plus chronologique possible, même si c'est parfois approximatif — sachant qu'on pourra toujours affiner le classement chronologique par la suite, sur ordinateur.
Prévoir une grande table dégagée. Ne pas hésiter à investir le sol pour s'y retrouver dans les séries et avoir un minimum de vision d'ensemble. Nous sommes là dans un véritable travail d'enquête où l'esprit de déduction et la mémoire visuelle ne sont pas de trop. J'ai trouvé cette étape amusante.
3 - Numériser
Série par série, je numérise chaque image et chaque film. Si l'option de restauration automatique des couleurs de votre scanner s'utilise avec modération pour la couleur, elle demeure très efficace pour le noir et blanc. Aussi, s'agit-il de répertorier un maximum d'informations présentes sur les clichés au moment du scan : si une date se trouve manuscrite ou imprimée au dos d'un tirage appartenant à une série, cela nous donne l'année, voire le mois de prises de vue des autres photos de cette série. Si des textes sont annotés au dos d'un tirage, je les transcris dans mes fichiers images, via les commentaires Spotlight (sur Mac), dans un premier temps. J'ai pensé que la définition devait être confortable, au moins pour une impression de chaque cliché en 300 dpi, au format A4 (voire A3 pour certaines images que j'estimais importantes). On pourra ainsi profiter de cette acquisition numérique pour faire des retirages ou pour pouvoir zoomer sans peine dans une image depuis son écran 27". Ce serait bête de se priver de tout cela pour grappiller quelques centaines de mégas à l'heure où l'espace disque de nos machines se compte en centaines de gigas, et évolue d'année en année.
La nomenclature des fichiers images est capitale. Celle de mes fichiers commence par l'année (point d'interrogation sur le dernier chiffre si pas sûr — sans aucune info, on arrive généralement à estimer au moins la décennie) ; le numéro de la série (il faut garder le moyen d'identifier chaque série à n'importe quelle étape du processus) ou le mois (si certifié) ; si concerné, j'ajoute un lettre pour indiquer les infos recueillies sur les supports d'origine (D = date ; L = légende ; I = info, genre tampon de photographe ou autre élément distinctif — cela me permet par exemple de différencier les clichés bénéficiant d'une datation certifiée par annotation manuscrite de ceux qui sont datés approximativement) ; et enfin, on termine la nomenclature par le numéro du scan, pour être sûr qu'aucun fichier n'ait le même nom qu'un autre. Un tiret entre chaque référence.
4 - Constituer l'archive
Avec plus de 6 000 photos numérisées, il me fallait impérativement utiliser un logiciel de catalogage pour la suite des opérations. J'ai choisi Adobe Lightroom, qui offre une palette complète d'outils d'annotation, de classement et de visualisation. Je précise que d'autres logiciels permettent sûrement d'obtenir les mêmes résultats (ACDsee, Aperture, etc.) mais étant familier des logiciels Adobe et ayant entendu de bons échos de celui-ci, mon choix s'est intuitivement porté vers lui.
L'importation dans un tel logiciel permet de suite d'y voir plus clair, notamment grâce à la vue en petites vignettes, façon planche-contact. Je commence par affiner la reconstitution de mes séries et leurs datations (plus pratique qu'avec les 300 enveloppes éparses que j'avais avant le scan). On s'aperçoit que des séries ne sont pas tout à fait dans le bon ordre, qu'elles sont parfois encore divisées, on continue l'enquête en analysant les vêtements portés, l'âge des personnes et tout autre éléments permettant de dater et de documenter une image. Par exemple, sur une photo de repas de famille, chercher la femme qui porte un tablier pour savoir chez qui cela se passait.
Vient ensuite un gros travail de création et de positionnement de mots-clés. Au fil des images, des centaines de mots-clés ont été créés. Ils s'organisent en quatre principales familles : les personnes ; les lieux ; les évènements (Noël, armée, mariage, etc.) ; et les types de photo (portraits, groupe, photos d'identité…). De cette manière, chaque cliché comporte sont lot de mots-clés attachés indiquant les personnes photographiées, le lieu de la prise de vue (si connu), l'évènement attaché (s'il y a, et si connu) et le type de photo (si particulier).
Les annotation saisies à l'étape précédente dans les commentaires Spotlight sont copiées dans les champs de légende proposés par Lightroom.
Ces métadonnées sont incluses dans le fichier de chaque image (enfin dans un fichier invisible au format IPTC, attaché à chaque fichier image, pour être précis). Ainsi, s'agissant d'une norme répandue, si dans 10 ans je décide d'utiliser un logiciel de catalogage différent, mes métadonnées devraient rester compatibles ou tout du moins, convertibles. De même, sur Mac, le moteur de recherche du système (Spotlight) est parfaitement capable de prendre en compte les mots-clés insérés via Lightroom. Si je saisis mon nom dans Spotlight, le moteur me proposera, dans ses résultats images, toutes les photos où j'apparais et dans lesquelles je suis désormais taggé — pas testé mais j'imagine que cela fonctionne aussi sur le moteur de recherche de Windows.
5 - Documenter les clichés
Continuons. À ce stade, j'ai un catalogue Lightroom qui commence vraiment à ressembler à quelque chose, avec classement par date, mots-clés et parfois légendes. Le but de cette ultime étape de production est de faire participer d'autres membres de la famille pour valider collectivement les mots-clés ajoutés, ou pour ajouter des informations sur des personnes identifiées, des lieux ou des dates car la déduction, les souvenirs et les notes personnelles ont leurs limites. Une étape de peaufinage et de validation, en somme. Bien entendu, au final, sur le nombre, il reste tout de même quelques photos mal documentées et des datations très approximatives, mais l'essentiel est là.
On peut ensuite s'amuser à classer de manière plus fine, par exemple, en créant des dossiers pour chaque cercle familial (chez tel oncle, chez tel tante, chez les grands parents, etc.), ce que j'ai fait pour ma branche paternelle qui comportait originellement 5 frères et sœurs, ça permet de mettre un peu d'ordre sur les photos les plus récentes.
6 - Consulter l'archive (la récompense)
L'intérêt d'avoir utilisé un logiciel de catalogage, des classements par date et autres mots-clés permet ensuite un confort extrême en terme de consultation.
Outre les différents modes d'affichages proposés, je peux par exemple demander à Lightroom de croiser plusieurs mots-clés pour afficher en quelques secondes des photos bien précises. Par exemple, je peux tout à fait demander au moteur de recherche de Lightroom de m'afficher toutes les photos dans lesquelles mon père ET ma mère apparaissent. Si uniquement l'un des deux est photographié, la photo n'est pas prise en compte dans les résultats de cette recherche précise. On peut multiplier le nombre de mots-clés et de filtres de recherche à l'infini. Lorsqu'on a plus de 6 000 clichés en archives, on comprend de suite l'intérêt de fonctions aussi puissantes. À l'inverse, lorsqu'une photo est visualisée simplement, on est capable grâce aux mots-clés et aux éventuelles légendes attachées, d'avoir un aperçu synthétique de l'histoire de cette image (personnes, lieux et évènements photographiés). Seul bémol : sur Lightroom, on ne peut pas encore « zoner » les mots-clés sur une photo, à la manière d'un Flickr. Mais quand même, si dans un siècle, un de mes descendant à l'occasion de consulter cette archive telle quelle, il devrait tout à fait s'y retrouver — d'autant plus que j'ai fait un gros travail annexe de généalogie qui permet de situer dans la famille toutes les personnes photographiées.
Enfin, le partage est facilité. Je veux transmettre une partie de cette archive à des cousins ? Pas de problème, il me suffit de constituer (à l'aide des mots-clés, si besoin) une collection (un dossier fictif qui n'appartient qu'au catalogue Lightroom sans modifier les dossiers externes « en dur ») avec les photos de la branche qui les concernent et de faire glisser le tout dans un dossier ou sur un support numérique.
7 - Partager et conserver l'archive
Cela va paraître évident pour beaucoup mais attention ! Pour conserver des fichiers durablement, ne comptez surtout pas sur la durée de vie d'un DVD ou d'un disque dur (autour de 5 ans seulement). Le papier se dégrade mais au final, dans l'absolu, il se conserve infiniment mieux que les supports numériques actuels. Sauf que le numérique a un précieux atout : la facilité de copie et de partage. Copiez vos archives sur divers supports (par exemple, des DVD avec jaquette conçue aux petits oignons, pour retrouver l'aspect objet) et envoyez-en des copies aux membres de familles qui sont intéressés par le projet. Ainsi, si l'un perd ses fichiers, un autre en aura bien une copie encore utilisable. Alors qu'un fonds photographique sur papier devait être divisé au fil des successions (à moins de financer à chaque fois de couteux duplicatas pour que chacun ait les mêmes photos), un fonds photographique numérique peut au contraire être facilement dupliqué et partagé à l'infini, dans son intégralité. Rien de mieux pour conserver des fichiers photographiques pendant des… siècles, si tout cela se gère intelligemment.
Voilà comment ma grand-mère a pu revoir toutes les photos de son carton depuis mon ordinateur, dans l'ordre, documentées, en grand format, depuis son fauteuil.
Je précise que ce projet ne concernait que les photos de famille anciennes. Les photos plus récentes qui me concernent moi, ma femme et mes enfants, font l'objet d'une autre archive, évolutive, toujours sur Lightroom, qui elle, n'est pas partagée. Celle-ci comporte déjà près de 15 000 photos en quinze ans, et des dizaines d'heures de vidéo… Comme je l'écrivais, notre rapport à l'image n'est définitivement plus le même que nos aînés.
À propos des vidéos, rendues très accessibles par les appareils numériques compacts, elles sont pour le moment stockées à part. Depuis sa version 3, Lightroom permet de les importer et de les classer avec les photos mais leur visualisation n'est pas aussi confortable que pour les photos (visu dans fenêtre externe, via Quicktime) et même d'un point de vue archivistique, je trouve que le mélange des genres est encore compliqué à gérer. Selon l'évolution des logiciels, il est cependant fort probable qu'à terme, photos et vidéos finissent par être rangées dans la même archive.
Pour aller plus loin dans la transmission de la mémoire
• Au delà des archives photographiques, comme je l'écrivais, j'ai parallèlement entrepris un important travail de généalogie. Un complément qui permet de situer les personnes photographiées dans la famille et d'aider à la datation des clichés (grâce à l'âge estimé des enfants photographiés, notamment). J'ai déjà écrit ici même à ce sujet mais j'aimerais juste en profiter pour rappeler que la généalogie d'aujourd'hui est assez facile à pratiquer. La plupart des départements français disposent d'archives d'état-civil numérisées et librement consultables en ligne, du début du 20e siècle jusqu'au 15e siècle. Des sites d'entraide et de partage d'arbres permettent un travail d'enquête rapide et ludique (Geneanet.org, entre autres). Des logiciels dédiés à la généalogie permettent de stocker facilement les informations recueillies (j'utilise Hérédis). La généalogie ne consiste pas à seulement collectionner des noms mais aussi à comprendre son Histoire. L'État-civil permet aussi de connaître les origines géographiques, les métiers pratiqués, les adresses d'habitation successives, et bien d'autres choses qu'il serait compliqué de détailler dans cet article.
• J'ai également constitué une carte Google pour annoter tous les lieux connus se rapportant à la famille. Habitations des uns et des autres, lieux de vacances, de naissance, d'évènements divers. Cela me permet d'être plus précis sur la localisation des archives photographiques, en attendant que la géolocalisation se démocratise.
• Enfin, à défaut de tenir un journal, j'ai entrepris un travail de chronologie. Se souvenir des dates importantes du passé, noter celles du présent avant qu'elles ne s'échappent de ma mémoire. Compter aussi les petits détails du moment : la première leçon de judo de mon fils aîné et toutes ces petites choses inutiles qui font aussi la vie, en fin de compte. Tout cela est encore informel, noté sur carnet, mais je me prépare d'ores et déjà à mettre cela en forme plus sérieusement.
On le voit, au-delà de la parole et de l'écriture, la mémoire peut se transmettre par de multiples moyens. Pour tout vous écrire, je rêve en secret d'un logiciel tout en un, dédié à la mémoire, qui regrouperait au moins toutes ces formes d'archivage et d'annotation, de manière graphique, intuitive et ludique, à la manière d'un Feltron (qui publie des rapports annuels sur sa vie, dans une démarche artistique), mais dynamique et accessible à tous. Google va bien finir par nous sortir cela un jour… Et d'ici là, comme d'habitude, un petit malin va bien m'écrire en commentaire que ça existe déjà ;-)
]]>Mathématiques et vuvuzela : CQFD ;-)
http://ouinon.net/index.php?2010/06/16/451-mathematiques-et-vuvuzela-cqfd
2010-06-16T21:08:26+02:00frChristophe D.Mes billets ici• Soit un stade de 60 000 personnes.
• Les vuvuzelas sont vendus autour de ce stade comme objets souvenirs aux couleurs de chaque nations participantes + les locaux qui ont leur propre équipement. Sur ces 60 000, imaginons simplement que 6 000 spectateurs rentrent dans le stade avec l'objet...
• Les vuvuzelas sont vendus autour de ce stade comme objets souvenirs aux couleurs de chaque nations participantes + les locaux qui ont leur propre équipement. Sur ces 60 000, imaginons simplement que 6 000 spectateurs rentrent dans le stade avec l'objet du diable.
• Si ces 6 000 spectateurs se servent chacun de leur vuvuzela pendant seulement 10 secondes au cours d'un match, cela nous donne 60 000 secondes de vuvuzela. Donc 1 000 minutes de son à faire tenir sur 90 minutes de jeu : dix fois plus qu'il n'en faut (et encore, en prenant en compte des estimations basses).
Son ininterrompu pendant tout le match. ]]>Gagner du temps au supermarché
http://ouinon.net/index.php?2009/11/26/430-gagner-du-temps-au-supermarche
2009-11-26T12:02:47+01:00frChristophe D.Mes billets iciLorsqu'on me lâche dans un supermarché avec une liste de courses, je suis perdu. Difficile de regrouper les choses à acheter par rayon, ce qui oblige à de multiples allers et retours. De plus, il faut généralement se munir d'un stylo pour rayer ce qui est déjà dans le caddy sans quoi il faut...
Pour éviter ces désagréments, j'ai simplement reporté la disposition des rayons de notre Carrefour local sur une grille imprimée au format A4. Une sorte de plan simplifié conçu pour laisser un maximum de place pour écrire, si vous préférez. Vous pouvez cliquer pour agrandir l'image ci-dessous :
Testé depuis deux mois, je gagne en moyenne 1/4 du temps grâce à cette liste. Les produits d'un même rayons sont tous pris en une seule fois et pas besoin de rayer sur papier ce qui est dans le charriot — puisque tout est dans l'ordre, il suffit juste de suivre le fil. La liste sert également de plan, au cas ou je ne me souvienne pas ou se trouve tel ou tel rayon. Elle permet enfin d'éviter les oublis au moment de sa rédaction, en passant en revue chaque rayon sur le papier (« qu'ai-je besoin dans ce rayon ? »). Ce n'est pas très beau graphiquement mais en toute modestie, c'est bien pratique ;-)
(Avec un partenariat des grandes chaines de distrib’, qui donneraient accès à une version numérique de leurs plans de magasins, il me semble que c'est le genre de chose qui ferait une belle appli’ iPhone, si ça n'existe pas déjà. Ou même simplement en versions imprimées à la disposition des clients dans chaque magasin, ce qui contribuerait à fidéliser la clientèle.)
PS : oui, je sais, pour gagner encore plus de temps on peut aussi faire ses courses directement sur internet mais pas le même choix et un peu plus cher.
PS 2 : Si parmi les lecteurs de ce blogs, certains font leurs courses à Carrefour Drancy Avenir, je peux leur envoyer le PDF.]]>Que deviendront-ils ?
http://ouinon.net/index.php?2009/11/23/428-que-deviendront-ils
2009-11-23T12:08:51+01:00frChristophe D.Mes billets iciJe ne sais pas si je suis le seul à a avoir été touché par cette remarquable série documentaires réalisée de 1983 à 1993 par Michel Fresnel ?
Diffusée à la télévision pour la dernière fois en 1996, les images étaient introuvables depuis. Et bien, ça y est, je sais ou les...
Je ne sais pas si je suis le seul à a avoir été touché par cette remarquable série documentaires réalisée de 1983 à 1993 par Michel Fresnel ?
Diffusée à la télévision pour la dernière fois en 1996, les images étaient introuvables depuis. Et bien, ça y est, je sais ou les trouver. Disponibles à 4 € l'épisode en téléchargement sur le site de l'Ina. Je précise que contrairement à d'autres vidéos téléchargeables depuis l'Ina, celles de Que deviendront-ils sont « tatouées » mais ne comportent pas de DRM. Pour 4 €, vous téléchargez donc des .avi « normaux », lisibles sur n'importe quel appareil acceptant le format divx, sans enregistrement ni manœuvre préalable*. Enjoy.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Que deviendront-ils est une fresque unique en son genre brossée par Pierre Fresnel qui a suivi pendant 10 années des enfants rencontrés dans une même classe de 6e, en 1983. Chaque année, une émission d'une heure était diffusée, retraçant l'évolution du parcours de chacun avec ses joies et ses peines (un ultime reportage filmé en 1996, en plus de la série de 10 originelle, est également disponible en deux parties à l'Ina).
Véritable photographie d'une époque, précieux document sociologique, mais aussi moments et détails emprunts de nostalgie. Bien content d'avoir retrouvé la trace des ces enfants, parmi lesquels il me semble que j'ai grandi moi aussi.
Dans un registre fictionnel mais néanmoins pas très éloigné, j'en profite pour faire un petit clin d'œil à une autre série qui me tient à cœur, j'ai nommé Papa poule. Là encore, je pensais la série introuvable dans son intégralité et bien non ! Je l'ai achetée en DVD, dispo par des revendeurs indépendants en passant par la Fnac ou Amazon. Cela se regarde toujours avec plaisir et j'étais franchement ému lorsque j'ai revu mon premier épisode.
* Pour les amateurs de docus, je précise que sur le site de l'INA, le picto en forme de clé indique que le divx est crypté, c'est à dire avec DRM imposant un logiciel de lecture spécifique, enregistrement des appareils et tout le tintouin. Alors que le picto en forme de tampon signifie que le divx est tatoué, c'est à dire que vous pouvez lire la vidéo sans contrainte mais attention, si le film vient à circuler sur internet, votre identité est associée au fichier. Ces pictos ne sont visibles qu'une fois qu'une vidéo est dans votre panier ce qui n'est pas très ergonomique, mais attention à bien en tenir compte si vous souhaitez télécharger d'autres vidéos sur l'Ina.fr.]]>